Miss Davies – Sybille Titeux de la Croix et Amazing Ameziane

Bonjour à toutes et à tous ! Je vous présente aujourd’hui une bande-dessinée sortie en janvier et lue dans le cadre d’une Masse Critique de Babelio. Miss Davies, La vie et les combats de Angela Davies est un titre des éditions du Rocher écrit par Sybille Titeux de la Croix et illustré par Ameziane Hammouche alias Amazing Améziane.

« Le mouvement de Libération Noir et les autres luttes progressistes se développant en ampleur et en intensité, le système judiciaire et son corollaire le système pénal deviennent par conséquent des armes clefs dans la lutte menée par l’état pour préserver les conditions existantes de domination de classe et, de ce fait, le racisme, la pauvreté et la guerre. »

Angela Davies

« Née en 1944 à Birmingham en Alabama, où sévissent la ségrégation raciale et les attaques du Ku Klux Klan, Angela adhère au Che-Lumumba Club en 1968 puis au Black Panther Party. La chasse aux communistes ainsi que le programme Cointelpro du FBI ne laissent pas de répit aux activistes afro-américains. Tous les groupes d’opposition sont infiltrés et surveillés. En 1970, suite à l’attaque du tribunal du comté de Marin, Angela Davis deviendra « l’ennemie public numéro un » et sera emprisonnée pour être condamnée à mort. Le « comité national uni pour la libération de Angela Davis » est alors créé. Le monde entier connaîtra son histoire et demandera sa libération. »

De la vie d’Angela Davies, je ne connaissais que les faits marquants mais à l’instar de Rosa Parks, c’est certainement une femme inspirante pour son action dans la lutte pour les droits civiques des Noirs américains et j’ai donc découvert avec grand intérêt cet album sur sa vie et ses combats.

Cette bande-dessinée s’ouvre sur l’attaque par la police du bureau du Black Panther Party à Oakland en 1969 où les planches sont rythmées par les commandements des Black Panthers. Le décor est planté ! Cette introduction nous met tout de suite dans le ton. Dans la suite, la vie d’Angela est racontée à travers la voix de personnages secondaires comme une amie d’enfance ou une journaliste. La BD est divisée en quatre parties : son enfance, ses luttes, son emprisonnement et son procès. Le tout est ponctué par des articles de presse écrits par la journaliste narratrice ou encore par quelques pages sur le Cointelpro, un programme de contre-espionnage du FBI dirigé par Hoover qui enquêtait et entravait les actions de groupes d’extrême gauche ou du Klu Klux Klan mais aussi du mouvement des droits civiques. Le construction est intéressante bien qu’un peu peu brouillonne par moments. C’est très instructif sur la vie d’Angela Davies mais aussi sur le climat qui règne dans cette Amérique ségrégationniste.

L’album est également très réussi dans sa forme ! Le dessin est franc, travaillé et varié. En effet, les premières planches grandes et pratiquement muettes laissent la place à de plus petites cases colorées et lumineuses dans son enfance tandis que l’illustration tend vers le noir et blanc lorsque Angela attend dans sa prison pour changer radicalement en des esquisses griffonnées sur un cahier pendant son procès. Chaque partie est donc illustrée de manière bien réfléchie et cela impacte positivement la lecture, on se sent plus proche de l’héroïne. C’est rare de trouver des dessins si différents au sein du même album. Chaque événement marquant du récit est aussi l’occasion de retrouver de belles planches saisissantes au niveau visuel.

Bref, cette bande-dessinée fut une belle surprise et un magnifique hommage pour cette grande dame qu’est Angela Davies qui a milité au sein du Black Panther Party et se bat encore aujourd’hui contre la peine de mort aux USA. Instructif, joliment illustré et dense, je vous la conseille si le sujet vous intéresse 😉