Avant la longue flamme rouge – Guillaume Sire

Hello tout le monde ! Aujourd’hui, je vais vous parler du dernier roman de Guillaume Sire lu via la plate-forme NetGalley, Avant la longue flamme rouge paru chez Calmann-Lévy. Merci à eux ! J’avais découvert cet auteur avec son roman d’anticipation technologique sur la destruction d’Internet Où la lumière s’effondre (Plon) que j’avais beaucoup aimé tandis que son roman Réelle sur la téléréalité est toujours dans ma PAL. Ce nouvel opus est radicalement différent et aborde la guerre civile cambodgienne à travers le regard d’un jeune garçon mais j’y ai retrouvé le plaisir de lecture et la qualité de la plume de l’auteur.

« 1971 : le Cambodge est à feu et à sang. Saravouth a onze ans. Sa petite soeur Dara en a neuf. Leur mère enseigne la littérature au lycée français. Leur père travaille à la chambre d’agriculture. Dans Phnom Penh assiégée, le garçon s’est construit un pays imaginaire : le « Royaume Intérieur ». Mais un jour, la guerre frappe à sa porte. Les fondations du Royaume vacillent. Séparé de ses parents et de sa soeur, réfugié dans la forêt sur les rives du Tonlé Sap, Saravouth devra survivre dans un pays en plein chaos, animé par une volonté farouche de retrouver sa famille. »

À mille lieues de son premier roman, Guillaume Sire nous plonge ici dans le Cambodge du début des années 70. Le pays est alors en pleine guerre civile en proie aux exactions, aux prises de pouvoir et aux actes des plus violents. En 1970, le roi Sihanouk est renversé par un coup d’État de Lon Nol qui établit son régime reconnu par les États-Unis. Le pays se déchire alors dans des luttes de pouvoir. Lon Nol tente de résister à l’avancée des Khmers Rouges tandis que les Américains sont présents et les Vietnamiens sont massacrés. Dans ce contexte très tendu, le jeune Saravouth vit dans Phnom Penh, encore préservé du conflit, aux côtés de ses parents et de sa sœur Dara. Grâce aux histoires de sa mère à propos de Peter Pan ou encore de l’Iliade et de l’Odyssée, Saravouth se réfugie dans son Royaume Intérieur peuplé de tous ces personnages qui se mêlent dans de formidables aventures. Le roman alterne ainsi entre la violence terrible de la guerre dans laquelle le jeune héros se retrouve malgré lui et la poésie de ce monde imaginaire qui lui permet de s’évader lorsqu’il s’avère trop dur de voir la réalité du monde tel qu’il est devenu. Cette échappatoire va devenir vitale pour lui quand tout va s’accélérer. Il va vite se retrouver seule, sans famille, blessée suite à une dénonciation. Il va alors tout faire pour revenir dans la ville encerclée et atterrit dans un orphelinat où il va faire les plus belles rencontres de sa vie.

Je ne déflore pas plus l’histoire et reste vague pour que vous puissiez apprécier le récit. Tout s’enchaîne à un rythme enivrant. L’auteur nous embarque dans une magnifique histoire de résilience et d’amitié. Le lecteur ne peut que trembler devant tout ce qui arrive au jeune Saravouth et être admiratif du courage dont il fait preuve d’autant que l’auteur nous apprend qu’il s’agit d’une histoire vraie. Saravouth existe donc vraiment ! Mêlant habilement la grande et la petite histoire sans nous embrouiller avec des détails sur ce conflit aux multiples ramifications, Guillaume Sire nous livre un vibrant récit lumineux grâce à une jolie plume teintée de poésie et de douceur malgré le sujet si difficile. Le lecteur ne ressort certainement pas indemne de cette lecture, choqué par tant de violence mais appréciant la bouffée d’espoir offerte à la fin. Un roman terrible mais indispensable que je vous conseille sans réserve !