Hello tout le monde ! Aujourd’hui, on se retrouve une nouvelle fois autour d’un roman de la rentrée de janvier : L’âne mort de Chawki Amari publié aux éditions de l’Observatoire. Merci à eux et à Babelio !
« Au cœur des monts Djurdjura avance un vieux break bleu avec, à bord, Lyès, Mounir et Tissam, trois Algérois en fuite et, dans son coffre, un âne mort. Cet étrange trio roule en direction des montagnes kabyles, comme la promesse d’un refuge où déposer les secrets qui les hantent et dissimuler leur compagnon d’infortune.
Panne après panne, virage après virage, leur périple aussi intense que rocambolesque est ponctué de considérations philosophiques et questions existentielles à mesure que le chemin des trois vagabonds croise celui d’Amel aux fausses bonnes idées, Slim qui passe ses journées à pousser des pierres du haut des falaises, ou Izouzen, mystérieux libraire retiré dans son sanctuaire, au milieu de centaines d’ouvrages et des sépultures de ses épouses successives. »
J’ai reçu cet étonnant roman grâce à la Masse critique Babelio de janvier. Je l’avais sélectionné dans la longue liste sans connaître l’auteur car j’apprécie beaucoup les éditions de l’Observatoire. Une fois reçu et en creusant un peu, je me suis rendu compte qu’il s’agissait en fait d’une réédition du roman éponyme de cet auteur algérien. Ayant à peine lu la quatrième, je plongeais dans ce roman dénué de tout a priori et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il est particulier ce récit ! Pour planter le décor, le titre est très évocateur : un trio étonnant composé de Tissam, Lyès et Mounir vont partir dans un roadtrip détonnant d’Alger aux montagnes kabyles à bord d’une voiture qu’il faut ménager toutes les deux heures dans laquelle gît un âne mort. Ce dernier est idolâtré par son propriétaire, un commissaire de police, et a été noyé par la petite bande. Sur leur route, les trois compères vont faire des rencontres plus surprenantes les unes que les autres à l’image de Karim PDP ou d’Izouzen.
« On s’élève. Mille cent mètres d’altitude. Soit une constante gravitationnelle de 9.80, d’après Achour, qui calcule tout, sauf sa propre vie. Ce qui est un principe quantique, Achour le sait, lui-même se définissant comme une probabilité de présence, sachat pertinemment que dès que l’on se calcule soi-même on ne peut plus rien mesurer avec précision, tout comme le futur, qui se transforme dès qu’on le détaille. Grande leçon de la nature : pour bien voir, il faut s’oublier. Neuf virgule quatre-vingts ? On aura gagné quelques centimètres par seconde carrée. »
Si vous trouvez déjà ce pitch intriguant, vous le serez d’autant plus par la manière dont l’auteur va vous raconter cette histoire. Son obsession pour le poids de l’âne mais aussi des choses, des hommes, de l’âme mènent à des digressions philosophico-scientifiques des plus déstabilisantes. En tant que physicienne, le passage sur la pesanteur m’a laissée circonspecte et je n’ai pas saisi l’intérêt de ces passages sinon d’insister une fois de plus sur sa réflexion à propos du poids. L’âne est-il plus lourd mort ou vivant ? Telle est la question que l’auteur pose tout au long du livre… J’avoue ne pas avoir très bien compris où Chawki Amari voulait en venir et malgré la qualité indéniable de l’écriture, je suis restée imperméable face à ce récit. Je ne me suis pas ennuyée à proprement parler mais j’ai passé mon temps à essayer de comprendre le sens des mots et des situations durant ma lecture, ce qui l’a certainement affectée. Le point fort du roman, ce sont les descriptions des décors, de la cité algéroise fourmillante à la beauté des montagnes. L’auteur est certainement un amoureux de sa ville et de sa région tant il en parle avec poésie. Ce qui ne gâche rien d’autant que le style est maîtrisé, l’écriture fluide mais cela n’a pas suffi à m’emporter dans le récit. Malgré des qualités indéniables et une belle découverte de la région d’Alger, ce roman n’a pas réussi à me convaincre mais d’autres lecteurs pourront sans doute être sensibles à ce roadtrip étonnant aux personnages attachants !
L’âne mort, Chawki Amari
Éditions de l’Observatoire, 176 pages
Date de parution : 08/01/2020
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