Par les écrans du monde – Fanny Taillandier

Bonjour à toutes et à tous ! Aujourd’hui, je vais vous parler d’un roman que j’avais repéré dès l’annonce des livres de la rentrée littéraire et que j’avais noté dès sa sortie. Par les écrans du monde de Fanny Taillandier est paru le 16 août dernier au Seuil (collection Fictions & Cie).  Je ne connaissais pas l’auteure mais la quatrième de couverture m’a tout de suite parlé : une mathématicienne parmi les personnages et les attentats du 11 septembre comme sujet.

« Dans l’aube à peine levée sur un lac proche de Detroit, aux États-Unis, un vieil homme insomniaque laisse successivement le même message à sa fille et à son fils : il va bientôt mourir. Elle est une brillante mathématicienne et travaille à calculer les risques dans une compagnie mondiale d’assurances dont le siège est au World Trade Center, à New York. Lui est un vétéran de l’US Air Force, il dirige la sécurité à l’aéroport de Boston. C’est le matin du 11 septembre 2001 et un jeune architecte égyptien, Mohammed Atta, a pris les commandes d’un Boeing 767. »

Comme moi, vous vous rappelez sûrement ce que vous faisiez ce 11 septembre 2001 dans l’après-midi, à l’heure européenne. À 10 ans, je rentrais de l’école et j’allumais la télé furtivement avant de filer faire mes devoirs. J’ai pris ces images de tour fumante en pleine tête sans comprendre puis, j’ai revu en boucle cet avion foncé dans la seconde tour. Même si je sentais que c’était un événement grave, je n’en ai pas tout de suite saisi l’ampleur à ce moment-là !
Je pense que ce sont les premières images qui m’ont marqué à ce point et l’approche de ce roman a donc eu une résonance particulière en moi 😉

En parallèle de l’histoire de ce vétéran s’occupant de la sécurité aérienne, de sa sœur mathématicienne travaillant au World Trade Center et de cet architecte égyptien terroriste, l’auteure met en effet en exergue la médiatisation à outrance de notre société et le poids très important qu’ont les images. Et c’est d’autant plus vrai dix-sept ans plus tard, à l’ère des réseaux sociaux. L’auteure alterne en permanence entre l’histoire fictive du frère et de la sœur, la trajectoire du terroriste et des réflexions sur le monde moderne. Ces digressions techniques ne sont pas toujours faciles à suivre et rendent le récit un peu fouillis mais elle restent intéressantes et nous interrogent sur des sujets tels que les probabilités, le stress post-traumatique, les pyramides, la religion, l’architecture ou encore la loi des modes multiples. Le fil rouge reste notre rapport à l’image et aux écrans omniprésents et d’ailleurs, le champ lexical lié est très présent tout au long du roman.

Alors que l’histoire de William et Lucy est inventée, l’auteure nous raconte comment Mohammed Atta en est venu à se précipiter sur le WTC aux commandes d’un Boeing 767 à travers des rapports de la CIA soigneusement référencés. Une importante bibliographie à la fin du roman nous confirme la documentation importante entreprise par l’auteure pour nous rendre compte fidèlement des faits liés à cet événement. La partie romancée est également très réussie même si je suis restée sur ma faim et j’aurais aimé que les personnages soient plus creusés.

Enfin, le roman fait aussi froid dans le dos lorsqu’il pointe du doigt tous les manquements à la sécurité et les échecs des services de renseignements qui n’ont pas permis d’enrayer la machine et d’interrompre le funeste dessein des terroristes. Un roman court, coup de poing qui fait réfléchir et qui m’a fait passer un très bon moment de lecture !

Par les écrans du monde, Fanny Taillandier
Éditions Seuil, 256 pages
Date de parution : 16/08/2018